Chapitre 4: L'homme de la famille

Depuis la naissance de Philibert, Maman se retrouve un peu coincée à la "maison". On n'a pas d'argent pour payer une nounou, et Philou est trop petit pour être trimballé partout. 

Enfin, au moins, ça permet à Maman de prendre soin de lui et de le poupouner. Il sera toujours temps de penser au boulot et à l'argent aprés. 

Le soir, quand on rentre de l'école, elle en profite pour faire le tour du quartier à ma place. J'étais un peu déçue, mais elle m'a clairement fait comprendre que si je ne ramenais pas un A, ça allait chauffer pour mon matricule. 

Charlotte aussi met du coeur à l'ouvrage. Elle prend ses études très au sérieux. Elle veut tellement réussir qu'elle cherche tous les moyens pour ça, même si elle doit demander des conseils aux gens qui passent. Au moins, ils ne sont pas tous comme l'autre pimbêche de l'autre fois qui avait insulté Maman. Certains ont de la sympathie pour nous (je préfère dire comme ça plutôt que de dire qu'on leur fait pitié), et ils essayent de nous aider comme ils peuvent. 

Les jours ont passé et Philibert grandit bien. Il est chouette mon petit frère, surtout qu'il ne pleure pas trop la nuit. J'ai quand même entrepris de lui expliquer un peu la vie, parce que c'est pas tout ça, mais dès qu'il va grandir, faudrait pas qu'il croit être dans un monde où tout est rose. Alors je lui explique. Je lui raconte notre histoire, celle de Maman aussi. Je lui parle de notre père, je lui dis quel genre d'homme il est et que c'est une exemple à ne jamais suivre. 

Maman étant en congé de maternité, elle touche quand même un salaire. C'est plutôt chouette, parce que du coup, entre ça et nos récoltes, on a puajouter un abri à côté des sanitaires, histoire d'installer mon lit et celui de Philou. Au moins nous sommes un peu plus à l'abri de l'humidité et de la fraîcheur de la nuit. 

Bon, par contre, ça n'empêche pas que quand Philou à la dalle à 3h du mat', c'est qui qui s'occupe du bib? C'est Julie!

Non, j'exagère un peu. Si Charlotte est réveillée, elle essaye d'occuper le petit pour nous laisser dormir, Maman et moi. Elle aussi elle lui raconte des trucs. Elle lui parle de ses espoirs, de ses ambitions, de ses journées d'école...

Et puis Maman a fait la connaissance d'un monsieur. En fait, c'est un avocat. Il travaille avec le centre pour femmes battues, et il a accepté de s'occuper de notre cas. Il s'appelle Daniel Mercier, et il a l'air d'être un vrai gentil. 

Avec Maman, ils ont causé de la suite. Monsieur Mercier voulait savoir comment on s'en sortait, si on avait besoin d'aide toussa, et comment on envisageait l'avenir. J'aurai été là, je lui aurait répondu un simple "radieux". C'est la seule chose qu'on envisage, un bel avenir, tout beau tout rose. Bref, et puis ils ont causé droit. Ben oui, parce que mon père n'avait pas le droit de nous foutre dehors sans rien nous laisser. Maman et lui sont toujours mariés, que diable, elle a donc droit à la moitié de ce que possède mon père. Sans compter qu'il aurait dû nous verser une pension alimentaire, ce qu'il n'a bien sûr jamais fait. 

En rentrant à la maison, je me suis collée illico aux devoirs. Maman a raison, si je veux m'en sortir dans la vie, il faut que j'apprenne, et que j'apprenne vite et bien. 

Dans les jours qui ont suivi, Maman s'est fait aussi une nouvelle copine. C'est une nana qui a l'air haute en couleur et avec une pêche d'enfer. J'espère qu'elle et Maman deviendront amies. Elle s'appelle Justine Martin, et je pense qu'elle fera un bien fou à notre famille. 

On a aussi pu s'acheter de quoi travailler nos compétences. Maman dit que pour être au top, il faut également travailler son imagination et sa sensibilité. Je vais donc pouvoir me lancer dans la peinture. Avec un peu de chance et du talent, je pourrai peut être vendre mes toiles, ça sera toujours ça de plus dans le porte-monnaie. 

Et puis un soir, le berceau de Philou s'est mis à faire des étincelles. Ça y est, c'était l'heure, Philibert faisait son entrée dans la cour des grands. 

Mon Philou est devenu un enfant. Maman va pouvoir reprendre le boulot, et nous, nous allons pouvoir continuer à avancer. Nous sommes enfin tous en complet, et j'y crois, la vie est belle, et elle le sera pour nous. Je prendrai soin des miens, puisque depuis le début de notre aventure, je me sens un peu comme l'homme de la famille. 

Comments

[Pythonroux]

ouais, c'est vrai que tu es un peu l'homme de la famille Julie, mais le vrais homme de la famille, il vient de grandir là ^^

et d'ailleurs, il est trognon ;)